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Quelle charte pour l’humanité? Définir la destination du ‘développement’ (2/5)

Après avoir discuté des présuppositions occidentales pour le développement (voir premier article), Dr. Michael Schluter explore comment les autres religions et cultures comprennent le développement dans cette seconde partie de ce Cambridge Paper.

Un Cambridge Paper du Jubilee Centre. (Septembre 2006)

Une critique culturelle et religieuse

La littérature sur le ‘développement’ prend rarement en compte les facteurs culturels et la manière dont les croyances religieuses peuvent définir ‘le bien’, ou le progrès dans cette direction. Avant de considérer une perspective chrétienne, il est important de réaliser comment d’autres traditions culturelles posent leurs priorités sociales, et pourquoi elles sont critiques envers la pensée occidentale sur le développement.

Afrique

‘Ceux qui ignorent la culture sont condamnés à l’échec en Afrique… Une appréciation du rôle de la religion dans la vie africaine nécessitera certaines approches fondamentalement différentes par la communauté internationale.’[1]Par exemple, dans la tradition religieuse africaine, peu d’importance est donnée au progrès et à l’épanouissement individuels. L’accent est plutôt mis sur l’ujamaa (le concept de la famille)[2]et le harambee (l’entraide):[3]la famille élargie et la communauté locale plutôt que la richesse personnelle.

Islam

La vision islamique du monde conteste considérablement les priorités occidentales. Les puristes définissent le développement ou le progrès en termes d’idéaux coraniques, un retour à la Voie du Prophète, et l’islamisation de l’Etat, laquelle est nécessaire pour achever l’islamisation de l’individu. Ceci peut même inclure des difficultés économiques. Le concept islamique d’Umma(la communauté islamique) transcende l’Etat-nation moderne. Une autre approche, adoptée par des Islamistes plus pragmatiques, est de définir le développement socio-économique comme étant ‘une politique publique de résolution systématique des problèmes, initiée et régulée par l’Etat, lequel génère la croissance, mais est aussi sensible à l’éthique et à la justice sociale islamique.’[4]

Bouddhisme

Le but ultime est la conquête des misères de l’existence (dukkha); la pauvreté englobe un ensemble plus large que la privation purement matérielle. Une personne est considérée comme pauvre si elle n’a pas des qualités telles que la foi, la moralité, le sacrifice et l’éducation.[5]La souffrance humaine ne peut être cessée qu’avec la destruction des racines du mal, lesquelles comprennent l’avidité, la haine et l’illusion. Le Bouddhisme, comme l’Hindouisme, ne fait pas de commentaire direct sur le changement social, la technologie et l’économie. Cependant, ‘Bouddhisme engagé’ est un mouvement contemporain non-violent d’activisme social et politique dont les racines se trouvent dans des concepts bouddhistes traditionnels tels que l’interdépendance, la compassion et la méditation.[6]

Confucianisme

Ce qui est central au Confucianisme est la Voie (dao).[7]Trouver la Voie est le sens ultime de l’existence humaine. L’harmonie est accomplie lorsque la Voie du Ciel (impliquant un Être suprême) et la Voie des Humains (intéressée par les vertus des individus) sont accomplies l’une dans l’autre. Ceci englobe le rôle du gouvernement dans la réduction des conflits, dans l’harmonie des relations familiales et dans l’harmonie entre les humains et leur environnement naturel. Combattre la pauvreté est important car la pauvreté mène, par le biais du mécontentement, au conflit.

A quoi de telles sociétés ressembleraient dans cent ans ? Si nous réfléchissons aux destinations considérablement différentes de ces traditions culturelles et religieuses, nous réalisons que les résultats matériels ne sont pas, au contraire de la pensée occidentale, les objectifs sociaux principaux pour des milliards de personnes. Donc, la préoccupation occidentale dominante avec la croissance économique est-elle devenue une forme d’impérialisme culturel ? L’importance donnée à la liberté individuelle, aux droits individuels, à la diversité culturelle, à la mobilité du travail et du capital (parallèlement au manque d’intérêt pour préserver l’identité familiale, la cohésion ethnique et la pratique religieuse) est-elle en phase avec les valeurs culturelles locales ? les familles et les communautés dysfonctionnelles, les villes tentaculaires, les tensions ethniques et le sécularisme sont-ils réellement d’inévitables produits dérivés de la modernisation ?

Michael Schluter

Dr Michael Schluter a un doctorat en économie agricole de l’Université Cornell (USA). Il est le fondateur du Jubilee Centre et de la Relationship Foundation. Il a aussi travaillé en tant qu’économiste pour la Banque mondiale.

Nous remercions le Jubilee Centre. Pour plus d’informations, visitez le site web http://www.jubilee-centre.org.


[1]African Commission Report, p.29, www.commissionforafrica.org/english/report/thereport/english/11-03-05_cr_report.pdf

[2]Julius Nyerere, Essays on Socialism, OUP, Dar-es-Salaam, 1968.

[3]Un terme employé par Jomo Kenyatta au Kenya pour exprimer les valeurs africaines.

[4]Ozay Mehmet, Islamic Identity and Development, Routledge, London and New York, 1990, p.10.

[5]P. D. Premasiri, ‘Religious values and the measurement of poverty: a Buddhist perspective’, www1.worldbank.org/prem/poverty/wdrpoverty/joburg/buddhist.pdf

[6]F. Eppsteiner, The Path of Compassion: Writings on Socially Engaged Buddhism, CF: Parallax Press, 1985.

[7]Ce paragraphe sur le Confucianisme est tire de Xinzhong Yao, An Introduction to Confucianism, CUP, 2000.

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