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Visions et illusions politiques

Cette pensée de la semaine de Jeff Fountain, publiée le 1er septembre 2008, explore les racines des idéologies politiques actuelles ainsi que les alternatives chrétiennes.

J’ai lu le livre Political Visions and Illusions (Visions et illusions politiques) par David Koyzis (IVP 2003) en préparation d’une consultation de Jeunesse en Mission sur le gouvernement dont j’ai écrit la semaine dernière. J’ai promis de déballer certaines perspectives de l’auteur au sujet des idéologies politiques actuelles, et de regarder brièvement à deux modèles historiques chrétiens pour l’action politique.

Les idéologies découlent d’un engagement religieux d’une personne ou d’une communauté, soutient Koyzis. Les humains sont des créatures qui adorent, même si tous les humains ne l’admettront pas. Un athée renie la croyance en Dieu mais peut effectivement adorer la rationalité, les prouesses artistiques ou la puissance militaire comme dieu. Un certain aspect de la création de Dieu suppose un rôle idolâtre au-dessus de tous les autres aspects.

Comme je le suggérais la semaine dernière, ceci est vrai pour le libéralisme et son dieu de libertés individuelles maximales, pour le nationalisme (libération de la règle de « l’autre »), le conservatisme (retour à « l’âge d’or ») ; le socialisme (la possession commune de toute la richesse), et même la démocratie (laquelle sans fondations spirituelles adéquates s’incline devant le dieu de la souveraineté populaire).

Cependant, même si les idéologies découlent d’une vision du monde idolâtre, défend Koyzis, elles peuvent malgré tout avoir quelque chose à nous enseigner. Elles peuvent avoir des fragments de la vérité exposés que les chrétiens n’ont pas clairement vu.

Qu’est-ce qui, par exemple, causa les citoyens allemands, d’habitude bons et décents, de succomber aux attractions du national socialisme ? Ou pourquoi tant d’intellectuels occidentaux se sont-ils tournés vers le communisme, scandalisés par la souffrance de la Grande Dépression ?

Koyzis, un professeur en science politique à l’université chrétienne canadienne, voit néanmoins la fidélité de Dieu pour sa création malgré les distorsions des idéologies. Même l’idéologie la plus fallacieuse est incapable de complètement déformer la société humaine à sa propre image. Un ordre politique libéral promouvant l’individualisme ne peut pas totalement éroder les institutions de base du mariage et de la famille. Pas plus que le totalitarisme n’a été capable d’effacer complètement la famille et des loyautés autres que celles envers l’état.

« Pour ceci, nous devrions justement remercier Dieu, qui respecte fidèlement son ordre de création au milieu de notre désobéissance », écrit Koyzis.

Voix éparses

Si toutes nos idéologies existantes ont des présomptions idolâtres, où le chrétien peut-il se tenir ? Certains chrétiens s’identifient socialistes chrétiens, argumentant que l’écriture nous commande de prendre soin des pauvres et des opprimés, ce qui exige par conséquent un agenda socialiste. D’autres rétorquent qu’étant donné que la Bible encourage la propriété privée, l’option capitaliste libérale est le système le plus chrétien. D’autres pourtant se définissent politiquement conservateurs, car ils relient la fidélité envers la foi historique à la loyauté envers la tradition en général.

Le résultat net est une « voix éparse », un Corps de Christ inutilement fragmenté dans l’arène politique, selon Koyzis. Prendre parti est basé sur une compréhension défectueuse de ce que les idéologies sont en réalité. Plutôt que de les voir comme intrinsèquement religieuses, beaucoup de chrétiens les voient simplement comme des systèmes neutres, et ignorent les racines spirituelles du capitalisme et du socialisme.

Pourtant, le christianisme biblique affirme premièrement que toute la création est sous la souveraineté de Dieu ; mais que le péché de l’homme, la chute, a affecté toutes nos activités – ce que les calvinistes appellent la dépravation totale. La création et la chute ont une portée cosmique, tout comme la rédemption qui est la « création retrouvée. »

Et cette création retrouvée inclue la politique. Nous ne pouvons pas simplement consigner la politique dans un domaine neutre, « séculier », ni même à la souveraineté du prince de ce monde, dit Koyzis. Nous devons la revendiquer pour Jésus-Christ.

A quoi ressemble une approche non-idolâtre de la société et de la politique ? Koyzis argumente qu’elle reconnaîtra la souveraineté de Dieu sur toute la vie. Elle respectera les droits humains, comme le libéralisme, tout en nous rappelant que l’individu n’est pas souverain. Elle donnera la place qui est due à la tradition, comme le fait le conservatisme, tout en reconnaissant que toutes les œuvres humaines sont contaminées par le péché. Tout comme le nationalisme et le crédo démocratique, elle reconnaît la place de la communauté humaine, mais pas en tant que focalisation souveraine de loyauté.

Société civile
L’alternative non-idolâtre, argumente Koyzis, est une sorte de pluralisme. Il consacre un chapitre clé pour explorer deux modèles chrétiens cherchant à s’élever au-dessus de l’idolâtrie des idéologies, l’une catholique et l’autre réformée.

L’encyclique sociale Rerum Novarum (1891) posa les fondations pour la démocratie chrétienne recherchant la réconciliation, et non la guerre, entre les classes, guidée par les enseignements de l’église. Elle rejetait autant le libéralisme que le socialisme, insistant que l’état devait gouverner pour le bien commun, et respecter les communautés subsidiaires. Cette doctrine de subsidiarité est devenue un principe fondamental de l’Union européenne. La société est faite, non seulement de l’état et des individus, mais d’une variété de communautés, groupes et associations plus petites, chacune d’entre elles devant être autorisée à avoir la plus grande autonomie possible. Ce principe pluraliste protège la société civile.

Une seconde tradition affirmant le caractère pluriforme de la société avait été développé par des calvinistes néerlandais en réponse aux idéologies engendrées par la Révolution française. Groen van Prinsteren, Abraham Kuyper et Herman Dooyeweerd parlaient des sphères de souveraineté, reconnaissant que l’autorité ultime appartient à Dieu. Toutes les souverainetés terrestres étaient subsidiaires. La famille, l’école, le monde des affaires, le monde du travail, les arts, et ainsi de suite, sont tous souverains dans leurs propres sphères, dans leurs limites fixées par Dieu. 

Ces approches sont prometteuses pour les réalités politiques complexes du 21ème siècle, suggère Koyzis. Elles évitent l’injustice résultant de l’état dépassant sa tâche appropriée, donnée par Dieu.

Jeff Fountain

Directeur Schuman Centre

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